L’endométriose est une maladie inflammatoire chronique qui touche 10 à 15% de femmes en âge de procréer. C’est une affection multifactorielle résultant de l’action combinée de facteurs hormonaux liés aux règles, de facteurs environnementaux et génétiques. Elle se définit par la présence de tissu endométrial en-dehors de la cavité utérine, au niveau entre autres des ovaires, du vagin, du rectum, de la vessie et des intestins. Cette prolifération de fragments de muqueuse utérine hors utérus provoque une inflammation des tissus touchés, des lésions, des adhérences, des kystes ovariens, ce qui peut entraîner selon les localisations :

  • d’intenses douleurs pendant les règles (dysménorrhées), cause d’absentéisme scolaire ou professionnel, des douleurs pelviennes chroniques
  • des troubles digestifs et urinaires,
  • des douleurs lors des rapports sexuels (dyspareunies),
  • des troubles de la fertilité.

Les femmes qui souffrent d’endométriose relatent souvent comme ces douleurs et la fatigue induite perturbent leur vie au quotidien et en altèrent la qualité au niveau personnel, professionnel, familial, conjugal et intime. A ces deux symptômes majeurs s’ajoute le fait que le diagnostic d’endométriose met souvent du temps à être posé.
En effet, il se passe en moyenne 7 ans entre l’apparition des premiers symptômes et la confirmation de l’atteinte.


Pour nombre de patientes, l’annonce du diagnostic met un terme à des années d’errance médicale et de banalisation de symptômes pourtant invalidants. En cela, la confirmation de leurs doutes peut les soulager en partie : enfin un terme médical atteste ce dont elles souffrent depuis si longtemps. Mais dans le même temps, elles sont aussi nombreuses à exprimer se sentir déstabilisées de se savoir atteintes d’une affection chronique. Pour certaines, ce vécu de la maladie peut impacter leur humeur et générer une véritable souffrance psychique, plus ou moins intense selon les personnes, leur histoire individuelle et familiale. Ainsi, il arrive que des patientes se sentent tristes, anxieuses, en colère ou déprimées, isolées dans ce qu’elles ressentent, ne sachant plus comment communiquer avec leurs proches ce qu’elles vivent au quotidien avec l’endométriose.

Dans un tel contexte, on peut supposer l’impact de l’endométriose sur la santé sexuelle.
Ainsi, les étapes de la réponse sexuelle féminine que sont notamment le désir, l’excitation, l’orgasme vont se trouver potentiellement altérées du fait des atteintes causées par la maladie :

  • l’épuisement physique et psychique produit par le vécu de douleurs récurrentes pourra entraîner des troubles du désir.
  • les douleurs qui impliquent les sphères génitale, digestive ou urinaire peuvent susciter de l’inconfort pendant les rapports sexuels. Cette gêne est susceptible de freiner la montée de l’excitation, d’entraver le processus de lubrification, de perturber l’accès au plaisir puis à
    l’orgasme. Ces différentes dysfonctions contribuent à la diminution du sentiment global de satisfaction sexuelle.
  • les dyspareunies dites d’intromission ou profondes, selon leur localisation, peuvent nécessiter l’arrêt immédiat de la séquence sexuelle. Au fur et à mesure des expériences pénibles, il arrive que ces douleurs récurrentes mènent à un évitement de la part de la patiente
    de toute forme de rapprochement intime par peur d’avoir mal et par anticipation négative des rapports sexuels.

Au fil du temps, l’appréhension des douleurs pendant les rapports risque de contribuer à créer une perception émotionnelle et cognitive négative des relations intimes. La libido pourra s’en trouver d’autant plus affectée, de même la confiance et l’estime de soi de la femme qui souffre d’endométriose. L’espacement des relations sexuelles préoccupe voire inquiète la patiente qui craint de ne pas être comprise par son partenaire mais aussi qu’il ne tolère plus la symptomatologie chronique de la maladie, allant jusqu’à redouter parfois que ces troubles sexuels ne perturbent durablement la relation de couple et ne constituent un élément précurseur d’une séparation.

Pour éviter que de telles angoisses n’envahissent la patiente et ne génèrent des affects anxiodépressifs trop prégnants qui risqueraient d’altérer plus encore sa qualité de vie au quotidien, il peut être opportun de consulter un-e psychologue /sexologue spécialisé-e dans ce travail de soutien et d’accompagnement. Ces temps de consultation seront l’occasion de réfléchir aux manières les plus adéquates de préserver les possibilités de communication au sein du couple comme d’envisager d’autres façons de vivre pleinement les relations intimes. Des entretiens de couple sont bien sûr possibles pour considérer ensemble comment adapter sa sexualité tout en la vivant avec intensité et plaisir partagés.
En matière de prise en charge de l’endométriose, le rôle du psychologue-sexologue est d’aider les patientes et éventuellement aussi leur partenaire, à trouver ou retrouver une sexualité qui leur correspond, leur convient et les épanouit.

Article rédigé par Donatienne Bethemont, psychologue clinicienne et sexologue

Cabinet au 116, rue de Lagny 93100 Montreuil
Tél : 06 32 36 23 63
donatiennebethemont.psycho@gmail.com

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